Au Québec, c'est la distillerie qui se trouve la plus au nord et à l'est, à 1200 km de Montréal. On est à Havre-Saint-Pierre, au bord du golfe du Saint-Laurent que l'on appelle ici la mer. Ouvrons les bouteilles pour goûter à l'histoire et aux saveurs locales. Du gin, de la vodka et bientôt des nouveautés.
Créer la première distillerie de la Côte-Nord, au nord du 50e parallèle. « C'est un peu fou comme projet, mais en même temps cela nous permet de nous démarquer », explique Mario Noël, copropriétaire et directeur de la production. « J'aime mettre en valeur l'histoire de la région, avec un homme qui y a laissé sa trace, le comte Henry de Puyjalon ». Ce Français a été le premier gardien de phare de l'archipel, sur l'île aux Perroquets, à la fin du XIXe siècle. Géologue de formation et naturaliste passionné de faune et de flore, il a beaucoup écrit sur la région.
Cueillir local pour des saveurs locales
Les distillateurs démarrent leur production de gin en décembre 2018, tout d'abord en petites quantités pour tester leurs 44 recettes avec différents assemblages d'une quarantaine d'aromates. Quand ils trouvent pour ce gin le profil aromatique qui leur plaît, ils l'appellent le gin Betchewan (ou Betchouane qui vient de la langue innue), du nom d'un ancien village situé à 45 km à l'est de Havre-Saint-Pierre, en face de l'île à la Chasse où Puyjalon a été enterré. « Quand on ouvre la bouteille, on sent les arômes de la Côte-Nord, le bois, la mer, et un mélange de tous ces arômes. Quand on le goûte, tout ça se développe. Et à la deuxième gorgée, on a en bouche les petits fruits nordiques », raconte Mario Noël. La note finale est longue, fraîche et agréable.
Dans ce gin, on trouve 13 aromates dont huit viennent de la Minganie : genévrier nord-côtier, poivre des dunes, myrique baumier, thé du Labrador, livèche écossaise, chaga séché, airelle vigne d'Ida et chicoutai. Elles sont récoltées par des cueilleurs spécialisés de la région, de la coopérative de solidarité agroforestière Le Grenier boréal à Longue-Pointe-de-Mingan et de l'entreprise De baies et de sève à Natashquan, qui pratiquent de manière durable et responsable.
La vodka Niapiskau et les nouveaux produits
Après le gin, la distillerie se lance dans la vodka, élaborée à partir de la même base, l'alcool de maïs. À Havre-Saint-Pierre, on la distille avec l'eau de la région riche en minéraux, puisée à 300 m sous terre. Avec un kit de filtration, le chlore est retiré, mais la charge minérale reste.
La majorité de la production de gin et de vodka de la Distillerie Puyjalon est distribuée par la Société des alcools (SAQ). Une partie est en vente à la boutique de la distillerie qui organise des visites guidées de ses installations pendant la période estivale.
À la fin de l'hiver 2021, deux nouveaux spiritueux seront lancés : un gin vieilli et une liqueur d'airelle. La recette d'un whisky est en cours de perfectionnement.
Mario Noël confie les défis que se lance la distillerie : « construire un chai, et faire pousser du seigle, de l'orge, on verra si le climat et la région nous le permettent ».
Quant aux fans de la Distillerie Puyjalon, ils ont constitué un groupe sur Facebook pour échanger leurs recettes de cocktails.
Rédaction : Christine Gilliet (Mots et marées)
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